« Pour discuter du sens des épreuves, un concept va nous aider. Il exprime l’hypothèse
d’un lien entre le monde extérieur et le monde extérieur. Ce concept a été
proposé par le psychanalyste Carl Gustav JUNG qui tentait d’expliquer ce que
l’on appelle le hasard. Jung l’emploie pour parler de coïncidences étonnantes
existant entre le monde intérieur subjectif et le monde extérieur objectif. Il
a donné le nom de « synchronicité » à ce principe qui lie des phénomènes
semblant se correspondre les uns les autres sans pour autant répondre à des
relations de cause à effet. L’individu les ressent comme des
« coïncidences significatives ».
L’idée en est venue à JUNG en 1910, lors de ses conversations avec
Albert Einstein, qui enseignait alors à Zurich. Il devait la développer trente
ans plus tard en relation avec un autre physicien du nom de Wolfgang Pauli. La
loi naturelle de notre monde réside dans la « causalité ». Or, dans
sa théorie de la relativité, Einstein explique que les notions d’espace et de
temps dans lesquelles nous vivons sont relatives, ce qui remet en question les
liens de cause à effet puisque la causalité repose sur l’idée d’une succession
d’événements dans le temps : une cause et, subséquemment, un effet.
La loi de causalité fonctionne à merveille pour ce qui concerne le
monde macroscopique à propos duquel elle permet d’établir des vérités
statistiques solides. Cependant, lorsque nous pénétrons dans l’univers
microscopique, les prévisions échappent parfois aux statistiques. A tel point
que nous devons aujourd’hui en appeler à une autre physique, la physique
quantique pour expliquer, par exemple, qu’un électron est a la fois une
particule et une onde.
Jung considérait qu’il existe quelque chose d’encore plus difficile
à voir et à quantifier que l’extrêmement petit : le monde psychique, qui
se décrit mieux en terme de charges énergétiques qu’en terme de particules de matière.
Ainsi, lorsque vous bouillez de colère, vous dégagez chaleur et énergie. Il
s’agit d’un phénomène réellement physique qui possède une charge, mais cette
charge s’apparente plus à une onde qu’à des particules. La relation introduite
par Einstein a donc permis à Jung de penser que parallèlement à la causalité,
et à la finalité qui en est le contrepoids obligé, il pouvait y avoir d’autres
façons de donner un sens à ce qui nous arrive. C’est ainsi qu’il en est venu à
proposer le principe de synchronicité.
Comment, par exemple, rendre intelligible le fait que l’on rêve
d’une personne que l’on n’a pas vue depuis des années et que l’on reçoive une
lettre ou un appel téléphonique de cette personne le lendemain du rêve ?
Comment expliquer un tel »hasard », qui répond mieux à une
formulation du type » au moment où/alors » qu’à une du type
« parce que ceci/il arrive cela » ? Ce n’est pas parce que je rêve
d’Alice que je trouve une lettre d’elle dans ma boite aux lettres, mais je peux
constater qu’au moment où je rêve d’Alice il y a une lettre d’elle dans ma
boite aux lettres. »
Guy Corneau, écrivain, psychanalyste jungien
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